lundi 30 janvier 2012

La Havane



Il y a des jeux qui ont l’air facile au premier abord mais qui recèlent une complexité assez étonnante une fois qu’on est plongé dedans. La Havane fait partie de ces jeux.

Auteur :Reinhard Staupe
Illustrateur :Michael Menzel
Editeur : Filosofia
Année : 2010
De 2 à 4 joueurs dès 10 ans pour une durée approximative de 45 minutes. 

Il était temps qu’un jeu de gestion/construction apparaisse sur ce blog, surtout depuis le succès des Colons de Catane qui a vu se multiplier les jeux de ce type. Le principe général d’un jeu de gestion est tout simple : grâce à des ressources que vous possédez, vous achetez des constructions qui vous donnent des points de victoire. Le premier qui atteint les points de victoire demandés gagne la partie. 

But du jeu : Tout au long de la partie, chaque joueur peut acheter des bâtiments qui valent des points de victoire différents (les bâtiments avec le plus de points de victoire sont plus difficiles à acquérir car ils demandent plus de ressources). Le joueur gagnant est celui qui atteint le premier le nombre de points de victoire requis (qui varie en fonction du nombre de joueurs). 

Mise en place du jeu : On commence par placer au centre de la table 12 bâtiments en deux lignes de 6. Chaque bâtiment vaut entre 1 et 7 points de victoire. Chaque joueur reçoit ensuite 13 cartes action numérotées de 0 à 9 (identiques pour chaque joueur et pour les plus malins d'entre vous oui certains numéros sont en double ^^ ) , 1 peso et 2 matériaux de construction (il en existe en bleu, rouge, jaune ou marron mais les gris (les gravats) sont les plus nombreux (et il est plus que probable que vous en récupériez à ce stade du jeu…)). Finalement, on approvisionne le marché de 3 peso et de 3 matériaux. A la fin de chaque tour et avant de commencer le suivant, on fera un nouvel approvisionnement dans les mêmes quantités.

Déroulement du jeu : Chaque joueur choisit secrètement 2 cartes actions, qui varient entre la sièste (n°0) qui équivaut à ne faire aucune action et la Mamma (n°9) qui équivaut à récupérer la moitié des matériaux présents sur la table. Il pose ses deux cartes devant lui face cachée. Quand tous les joueurs ont choisi leurs cartes actions, le jeu peut commencer.

Jeu ! Les joueurs retournent tous en même temps leurs deux cartes actions. Chacun les place en chiffres croissants et lit le nombre ainsi formé (par exemple si un joueur pose le 2 et le 8, son nombre sera 28). Celui qui a le plus petit nombre aura l’immense privilège de commencer la partie (d’où l’intérêt de la carte sieste de valeur 0 mentionnée plus tôt, assurant quasiment la première place à celui qui la joue). Il effectue ses deux actions et peut, s’il le souhaite et s’il en a la possibilité, acheter un ou plusieurs bâtiments qui se trouvent à l’extrémité d’une des deux lignes de bâtiments. Le suivant est celui qui a le deuxième plus petit nombre et ainsi de suite. Lorsque tous les joueurs sont passés, chaque joueur choisit une carte parmi ses onze cartes restantes et la pose face cachée sur une de deux cartes qu’il a joué précédemment. La carte sous cette dernière sera défaussée au prochain tour (sans application de l’action qui y est décrite) alors que la carte face visible restante est de nouveau appliquée pour ce tour-ci. Comme précédemment, l’ordre des joueurs dépend des numéros des cartes actions qu’ils ont choisi d’utiliser… Le premier joueur peut donc être différent à chaque tour de jeu !

Distribution des points : Les points de victoire sont inscrits sur chaque bâtiment acheté. Aussi,  on peut, à tout moment, savoir combien de points de victoire possède telle ou telle personne. 

Fin du jeu : Le jeu se termine lorsqu’un joueur atteint les points de victoire requis.  

Ce que Kintanakely en pense : Je trouve que ce jeu a un charme certain, ne serait-ce que dans l’ambiance qu’il dégage. Pour un jeu de gestion/construction, il est relativement rapide et pourtant pas si simple que ça. Le fait de tous partir avec le même matériel fait que l’apport de la chance est plutôt négligeable, ce qui peut décrisper certaines personnes. Il faut jongler entre plein d’éléments, ceux qu’on connait (les bâtiments accessibles, les matériaux « à disposition » sur la table de jeu, l’argent « à disposition » sur la table de jeu, les éléments qu’on possède, les éléments que les adversaires possèdent, les cartes actions qu’on a encore en main) et ceux qu’on ne connait pas (le ou les bâtiments que l’adversaire souhaite acquérir, les cartes qu’il va jouer, les nouveaux matériaux qui vont sortir lors du ravitaillement). Et ça, bizarrement, ça me rappelle un peu le boulot (mais dans un sens agréable hein, où il faut toujours penser à plein de détails en même temps…) et c’est ce que j’aime dans ce que je fais. Par contre, cela nécessite d’être concentré pendant tout le jeu, ce qui en fait quand même un jeu assez sérieux par rapport à la majorité de ceux qui sont sur le blog. 

Ce que Monthoux S. en pense : Monthoux S. vous recommande de ne pas jouer à la légère ! Et pour cause ! Il y a beaucoup de possibilités de combinaison (autant pour vous que pour vos adversaires) et le jeu est plutôt rapide (partir avec un mauvais départ est généralement assez mauvais pour la suite…) Monthoux S. vous conseille donc de bien réfléchir et d’opter assez rapidement pour une stratégie avec des variables à prendre en compte comme les cartes en main, les cartes dans la défausse sans oublier bien sûr, le jeu de l’adversaire. Sinon, Monthoux S. a apprécié le fait que les cartes étaient toutes différentes et bien dessinées.

Le petit plus… Le fait que tout le monde commence (presque) avec les mêmes éléments fait que c’est un jeu plutôt équitable. Le fait que tout est ouvert (les cartes actions utilisées, les bâtiments achetables…) en fait un jeu particulièrement interactif : on peut très facilement saboter les autres en leur prenant les bâtiments qu’ils convoitent ou en les empêchant d’atteindre leur but une fois qu’on s’aperçoit de ce que c’est, on peut attaquer ses adversaires en leur prenant de l’argent ou des matériaux. La gestion de ses ressources est donc importante parce qu’il faut toujours en avoir de côté pour plus tard mais en même temps ne pas les laisser s’amonceler au risque de se les faire piquer ! Gagner nécessite d’avoir maitrisé tellement de choses que la victoire n’en est que plus savoureuse. 

Le petit moins… Il faut dès le départ se lancer et ne pas se laisser distancer (comme l’a si bien dit Monthoux S.). En effet, les points s’accumulent plus vite qu’on ne s’en rend compte et l’adversaire est vite arrivé à l’objectif alors que vous planifiez encore quelque chose dans votre coin. De ce fait, on est loin d’un jeu d’ambiance ou d’un jeu rigolo ce qui peut déplaire à certains. Le côté un peu méchant qui permet d’attaquer l’adversaire directement ou indirectement peut aussi être difficile à encaisser à certains moments (surtout si on s’acharne sur vous…)

Quand on y a joué avec Monthoux S.: Le jeu s’est avéré assez serré avec des points de victoire finalement assez proches. Le jeu est tout aussi intéressant à 2 qu’à 4 mais la manière de l’aborder est différente (bah oui vous devez surveiller plus de personnes…) et des super-coups à 2 joueurs peuvent s’avérer désastreux à 4 où il devient de plus en plus important d’être le premier joueur et surtout de ne pas faire ce que tout le monde va essayer de faire (partir à contre-courant s'avère généralement payant…) 

Quand est-ce que j’ai envie d’y rejouer ? Dès que l’occasion se présente bien sûr ! Et avec quelqu’un de pas susceptible (ce qui a été le cas jusqu’à maintenant ;) 

Et voilà, une petite présentation d’un jeu qui a tout d’un grand et qui se joue avec pas mal de tact et de stratégie. Si vous vous sentez largué la première fois, n’hésitez pas à refaire une partie, ça ne peut que aller mieux !